Depuis quelques semaines souffle en France un vent anti-éolien, à un point qui me semble préoccupant. Le problème n’est pas que l’éolien fasse l’objet de critiques, mais que ces dernières tendent, trop souvent, à la confusion, voire aux contre-vérités et à la malhonnêteté.
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Repères : en France, l’éolien représente presque 9% de la consommation électrique et 8% de la production électrique. Pour atteindre le zéro carbone en 2050, la part de l’éolien terrestre devra passer à 17% dans la production électrique (selon un scénario médian). Aujourd’hui, 8000 éoliennes terrestres sont implantées dans le pays, réparties sur 1900 sites. Enfin, concernant l’éolien en mer, il n’y a aujourd’hui aucun parc opérationnel en France, à la différence du Royaume Uni, des Pays Bas, de la Belgique, de l’Allemagne, etc.
Le contexte : une vague d’influence contre les éoliennes, avec son lot de caricatures et démagogie
Le sujet, qui couvait depuis longtemps, a explosé ce mois-ci : en l’espace de deux ou trois semaines, tout un mouvement anti-éolien est parvenu à se positionner sur le devant de la scène publique, avec un impact inédit. Les opposants à l’éolien se sont trouvés de nouveaux alliés : après Alain Finkielkraut et Luc Ferry, c’est au tour de Stéphane Bern de décrire l’éolien comme une « supercherie » et une « négation de l’écologie » dans une tribune dans Le Figaro (semble-t-il soutenue par Brigitte Macron).
Par ailleurs, de façon plus inattendue, un documentaire qui se veut « choc » sur les éoliennes, a été mis en ligne il y a deux semaines sur YouTube afin de « contourner les principes de sélection des chaînes de télévision », selon les mots de son créateur - un réalisateur peu connu (mais dont une recherche montre l’admiration pour un fidèle de Maurras et de l’Action Française) à la tête d’une association au nom douteux (« Documentaire et vérité »).
Très relayé (par bouche à oreille et par des médias comme Le Point et Le Figaro), prétendant révéler « les réalités derrière le rêve » de l’éolien, ce film, totalement à charge, ne donne jamais la parole aux partisans de l’éolien - tout en cherchant à donner l’impression d’un traitement équilibré, puisqu’il interroge notamment l’ex-candidat des Verts à la présidentielle de 1988, Antoine Waechter, un anti-éolien qui semble servir de caution « Verts » alors qu’il s’en est nettement éloigné (au point d’avoir noué un accord avec LR pour les régionales).
Ce documentaire, qui est allé jusqu’à commander un sondage à l’Ifop et à se payer une campagne de pub diffusée en ce moment dans le métro, s’inscrit dans une vague d’influence anti-éolien d’ampleur inédite, dans laquelle droite et extrême droite rivalisent de virulence : tandis que Marine Le Pen, qui veut « mener le combat contre les éoliennes », demande un moratoire pour en arrêter la construction, Xavier Bertrand, de son côté, entend directement « mettre un terme à ce scandale national » et propose même de financer des associations anti-éoliennes !
Pourquoi ce numéro
Les éoliennes n’avaient déjà pas bonne presse depuis quelques années mais une nouvelle étape a été franchie, avec une recrudescence d’arguments faux ou malhonnêtes diffusés dans certains grands médias, presse écrite comme télévision (voir cet article de Samuel Gontier qui revient sur un débat sur le sujet tenu sur LCI).
Dans ce contexte, il devient crucial de mettre en avant des analyses plus rigoureuses, dépassionnées, qui évitent le double écueil habituel : d’une part, l’outrance et la caricature dans la critique portée aux éoliennes ; d’autre part, la béatitude face à un système aux limites et revers incontestables.
L’idée ici n’est pas de prendre spécialement la défense des éoliennes, et encore moins d’en faire une « solution » idéale (leur intermittence est une réalité ; elles ne sont pas pilotables ; certains choix de lieux d’implantation sont contestables ; etc.).
L’objectif est de donner la parole à des observateurs et spécialistes qui contribuent à ce que le débat public sur l’éolien, et plus globalement l’énergie et donc sur la transition écologique, soit de meilleure qualité. Nous en avons collectivement bien besoin.
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J’ai sélectionné les contenus récents qui me semblent les plus intéressants sur le sujet. Comme vous le verrez, les avis exprimés se recoupent en large partie.
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1/ Pour aller à l’essentiel : ce cri du cœur, qui remet l’église au centre du village
« La voix de la raison », « totalement en phase », etc. : ce rapide thread Twitter, simple mais précieux dans la cacophonie actuelle, a été salué. En résumé : son auteure, bien que favorable au nucléaire, n’en critique pas moins les oppositions manichéennes vis-à-vis de l’éolien.


(Rappel : EnR = énergies renouvelables)
Ci-dessous, la suite de son propos :
« Bien sûr qu’au-delà de la technologie il faut intégrer les impacts sur le paysage et sur la biodiversité. Bien sûr qu’il ne faut pas faire de l’éolien juste pour en faire. Mais c’est le même constat quelle que doit la technologie.
Pour rappel l’objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
La prise de décision sur le nucléaire n’aurait pas dû être décalée à 2022. Ce n’est pas cohérent avec l’urgence actuelle. On doit donc continuer à expliquer que le nucléaire est une technologie essentielle. Mais cela ne signifie pas l’opposer à d’autres technologies bas carbone. C’est contre-productif et c’est ne pas prendre en compte d’autres aspects associés au développement d’un mix énergétique faiblement carboné : économiques, acceptabilité, indépendance, entre autres.
Il n’y a AUCUNE technologie parfaite. Chacune a ses avantages et contraintes. On les développe en fonction de ces différents aspects qui ne sont pas que techniques (et heureusement).
Et cela n’empêche pas de questionner sur la pertinence de certains choix de la stratégie énergétique du pays. De là à dire que l’éolien ne sert à rien… ce n’est ni vrai ni constructif. »
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Dans le même sens, un autre intervenant régulier sur les questions énergétiques, lui aussi favorable au nucléaire, écrit : « on a 2 jambes bas carbone [nucléaire et renouvelables] et on doit courir le long d’un chemin de crête étroit pendant plusieurs décennies. Certains voudraient faire ce marathon avec une jambe en moins. Assurément une très bonne idée pour perdre la course ».
De même, comme l’écrit l’analyste Rodolphe Meyer (qui n’est pas non plus anti-nucléaire), « le documentaire [anti-éolien] rate tout le sujet en faisant comme si le caractère bas carbone de l'électricité française était un acquis et comme si nos centrales étaient éternelles... ».
Enfin, et pour être plus précis, le spécialiste Cédric Philibert écrit, dans un bon texte intitulé « Anti-éolien : gare au retour de flammes » :
« RTE, le réseau électrique français, vient de publier une première esquisse de ses scénarios aux horizons 2050-2060, avec 0% à 50% de nucléaire dans la production d’électricité. Le scénario à 50% serait extrêmement ambitieux pour l’industrie nucléaire. [Mais même] ce scénario nécessite, pour garantir la sécurité électrique du pays, de multiplier la capacité des éoliennes par 2,5 en France, celle du solaire par 7. »
Comme il l’explique ensuite, refuser le déploiement de l’éolien, c’est se condamner à rester dépendant des énergies fossiles (en effet, même si on décidait de mettre en chantier de nouvelles centrales nucléaires, “il faudrait attendre 15 ans pour que ces centrales produisent leurs premiers kWh” ; or “entretemps, la consommation d’électricité aura augmenté, du fait de l’électrification qui décarbone bâtiments, industries et transports”).
2/ Pour continuer en ce sens : l’interview claire et cash du président de la Commission de régulation de l’énergie (Les Echos)
Jean-François Carenco est à la tête du régulateur de l’énergie. Extraits de son interview parue jeudi dans Les Echos :
Pourquoi il faut arrêter d’opposer nucléaire et renouvelables :
“Un moratoire national [sur la construction d’éoliennes] n’aurait aucun sens. Aujourd’hui, la France dispose d’un mix électrique qui fonctionne avec 67 % d’énergie nucléaire et il n’est pas sérieux de penser qu’on pourra rester à ce niveau-là dans les décennies à venir. (…) Penser qu’on peut miser à 100 %, ou presque, sur le nucléaire n’est pas sérieux. A l’horizon 2050, tous nos réacteurs se seront arrêtés et nous ne sommes pas en capacité de construire 62 gigawatts [la puissance du parc français] de nucléaire. (…) Il nous faut développer des énergies renouvelables, le plus rapidement et le plus massivement possible. Il nous faut du nucléaire et des énergies renouvelables. Opposer les deux est soit un mensonge, soit de la bêtise, soit de la malveillance”.
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Pourquoi nous avons besoin d’éolien (terrestre) spécifiquement :
-“Toutes les énergies renouvelables ne se valent pas. L’hydrolien est aujourd’hui hors de prix et on ne disposera pas assez de gaz vert pour décarboner le gaz et produire de l’électricité. Il nous faut donc faire du solaire et de l’éolien. Le solaire est bon marché mais prend beaucoup de place : pour construire l’équivalent d’un réacteur nucléaire EPR, il faudrait disposer des panneaux photovoltaïques sur l’équivalent de 7 500 terrains de football ! Nous allons continuer à chercher de l’espace et poursuivre la recherche pour augmenter la productivité mais le solaire ne suffira pas seul. Il nous faut donc absolument développer l’éolien. La France a cinq fois mois d’éoliennes au kilomètre carré que l’Allemagne et 3,3 fois moins que le Danemark. Il y a encore de la place. Il faut que chacun fasse un effort”.
-“En mer, les éoliennes peuvent monter plus haut et produire davantage d’électricité, plus régulièrement, mais on ne pourra pas faire autant que les Britanniques dans ce domaine. Nos fonds marins sont plus profonds et l’éolien flottant doit encore se développer. C’est pourquoi construire des éoliennes à terre est indispensable”.
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Quelle stratégie pour l’éolien terrestre :
“Il faut fixer des règles claires : plutôt que de préempter des zones ouvertes à l’éolien, il faudrait définir les zones où on n’en mettra pas et massivement « repowerer » les parcs existants. C’est-à-dire augmenter leur puissance en remplaçant des machines anciennes. Dans certains cas, cela permet de doubler la puissance installée sans augmenter la surface au sol”.
3/ Debunkage des principales idées reçues anti-éoliennes
Plusieurs observateurs ont proposé des debunkages [déconstructions] d’arguments anti-éolien entendus couramment. C’est notamment le cas de :
L’ingénieur Maxence Cordiez, spécialiste des questions énergétiques (et favorable au nucléaire par ailleurs), pour qui la « tribune anti-éolienne de Stéphane Bern contient de lourdes inexactitudes » ;
Célia Gautier, responsable climat-énergie à la Fondation Nicolas Hulot (et critique du nucléaire), dans ce thread ;
Nicolas Goldberg, consultant spécialisé en énergies (réputé pour ses positions équilibrées sur le nucléaire et les renouvelables), dans un article pour FranceTVInfo.
J’ai précisé ici leurs positions sur le nucléaire car je trouve important de montrer que l’on peut défendre ou critiquer le nucléaire tout en dénonçant de la même façon les contre-vérités sur l’éolien.
De même, France Culture a interrogé Philippe Collet, journaliste à Actu-environnement, pour déconstruire là aussi les idées reçues sur l’éolien.
Plutôt que copier-coller ici leurs différents contre-arguments, je vous invite à cliquer sur les 4 liens ci-dessus. Pêle-mêle, il y est indiqué, notamment, que :
En moyenne, 1 éolienne = 0,3 à 18 oiseaux morts par an, alors qu’un chat errant = 60 oiseaux morts par an.
93 % du poids d’une éolienne terrestre est totalement recyclable (acier, béton, cuivre et aluminium). Le béton ne restera pas dans les sols. Pour les pales, en matériaux composites, le marché devrait émerger dans les cinq ans et devenir vraiment mature d’ici 10 ans.
Le développement de projets éoliens est très encadré (Code de l’Environnement, droit de l’urbanisme, avis des architectes de France si proximité de monuments historiques…). Il n'est pas possible de construire une éolienne à moins de 500m d'une habitation .
L’argument du coût jugé excessif est « fallacieux » pour Nicolas Goldberg : quel que soit le type d'énergie, la France « va avoir besoin d'investir dans le parc et les réseaux », qui vieillissent tous les deux. Et les prix de l’éolien ont sérieusement baissé.
L'éolien fonctionne entre 75 et 95% du temps (et non 25% comme il est parfois dit). 25% est la capacité de production maximale d’une éolienne (par rapport à l'énergie qu'elle pourrait produire si elle était à plein régime en permanence).
Etc.
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Attention : ces arguments n’empêchent pas que les éoliennes peuvent bel et bien poser problème dans certains cas. Il existe bien, par exemple, des cas de déploiement de parcs éoliens contestables sur le plan environnemental, dans le Blayais en Gironde, au large d’Oléron, ou encore à Dunkerque. De même, il est clair que la répartition des éoliennes en France est pour l’heure très, pour ne pas dire trop, déséquilibrée (la moitié se situe sur deux régions, les Hauts-de-France et le Grand Est).
—> On peut être favorable à l’éolien tout en étant critique sur certaines façons de le développer, et tout en comprenant les critiques et la colère d’opposants à certains projets.
« Notre positionnement, c'est oui à l'éolien, mais pas n'importe où et pas n'importe comment, notamment pas dans les zones Natura 2000 », explique ainsi la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux). Le président de l’association disait notamment en janvier, à propos d’un projet de grand parc éolien au large d’Oléron : « Je suis effondré car c'est une fois de plus, une agression à l'égard de la biodiversité. Là on est au coeur d'une zone particulièrement sensible. Pas question de faire de l'éolien en zone Natura 2000. »
4/ L’éclairage de C dans l’air du vendredi 18/06 :
Enfin, pour compléter les analyses de ci-dessus, j’ai retranscrit certains propos des intervenants de l’émission de « C dans l’air » de vendredi, consacrée à l’éolien.
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Célia Quilleret, journaliste spécialiste en environnement et énergies : « Les éoliennes ne sont pas bien réparties. La majorité des éoliennes sont dans les Hauts de France et la région Grand Est. Ca cristallise des tensions. Même les ONG favorables aux éoliennes disent : « nous n’en demandions pas autant dans ces régions-là » ».
Elle explique que seul 20% du territoire français peut accueillir des éoliennes, « en raison des critères de patrimoine (on ne les met pas à côté d’une église, d’un château…), de nature (zones à protéger), etc. »
« L’enjeu est donc de trouver les places qui restent sur le territoire, alors que les objectifs impliquent de doubler la capacité ». Pour pimenter encore le défi, « la ministre des Armées vient de demander à la ministre de l’Ecologie de ne pas implanter d’éoliennes dans un rayon de 70 km autour d’un radar militaire, alors qu’on pouvait jusqu’ici en construire au-delà de 30 km. C’est un revers pour les éoliennes. »
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Jean Viard, sociologue, appelle à regarder cas par cas : dans certains endroits, « il y a des éoliennes dans des coins où il n’y a pas un habitant. Derrière Colombey les Deux Eglises, par exemple : il n’y a personne à côté. Ensuite, il y a des gens qui trouvent qu’on les a mis trop près. Pourrait-on avoir un discours plus objectif sur la localisation ? Certaines ont peut-être été mises au mauvais endroit. (…) Si le problème de bruit est avéré, c’est scandaleux : aucun habitant n’a signé pour ça ».
Célia Quilleret partage cet avis : « certaines éoliennes ont été mal placées et il faut en tirer les leçons ».
Mais, pour Jean Viard, « le sujet de fond n’est pas là ». Il dénonce une « vision passéiste du territoire ». « On a accepté de construire 63 000 ronds-points ; contre ça, il n’y a pas de mouvement. Contre les éoliennes, il y a du mouvement ; je le trouve franchement conservateur, comme si le paysage ne pouvait pas changer. La France écologique ne ressemblera pas à la France de la révolution industrielle. Il faut une France écologique, et oui ça va transformer ». « Ne condamnons pas les éoliennes pour quelques erreurs de localisation ».
A noter que ce point de vue fait écho à celui du chercheur Pierre Charbonnier, qui, répondant à un propos anti-éolien d’Eric Zemmour, écrit : « Cela fait un moment que je le dis : l'incapacité à changer de modèle énergétique est un incubateur à conservatisme ». Pour les « garants de la sauvegarde de la nation mythique, l'écologiste est implicitement présenté comme une menace extérieure », estime-t-il.
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-Arnaud Gossement, avocat en droit de l’environnement : « aujourd’hui il y a un festival de démagogie sur l’éolien » et des « idées reçues ». Par exemple, « aujourd’hui aucune étude ne montre que les infrasons donneraient des cancers ». De même, « il faut en moyenne entre 7 et 10 ans depuis la conception d’un dossier jusqu’à la mise en service d’un projet d’éolien » : aucune éolienne n’est donc placée du jour au lendemain, comme certains semblent le dire.
Concernant la préoccupation esthétique, forcément subjective, il pointe une hypocrisie : « pendant des années, on ne s’est pas posé la question de l’esthétique du paysage. Regardez ces entrées de ville, défigurées par des grands panneaux publicitaires, des zones d’activité, des entrepôts logistiques…Les lignes électriques, aussi. Il y a une focalisation aujourd’hui sur l’éolien qui serait la véritable plaie pour nos paysages. D’abord un paysage, ça change. Surtout, le gros avantage de l’éolien de mon point de vue, c’est que ce n’est pas définitif. Si nos enfants n’en veulent pas, ils les retireront ».
Par ailleurs, sur la question de l’emploi, il est affirmatif : « les personnes qui vont concevoir, construire, démanteler et recycler ces parcs – il y a une obligation de recyclage ferme depuis janvier 2020 - ce sont des Français. Cela va donc bien créer des emplois en France. Dans certains cas il peut y avoir un savoir-faire étranger, mais si en permanence on est contre l’éolien en France, ce n’est pas comme cela qu’on encouragera la recherche, l’industrie et la création de davantage d’emplois ».
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Enfin, concernant le point sensible des concertations :
- Jean Viard : « D’abord, pour l’éolien en mer, il faut écouter les pêcheurs. Ils sont inquiets. Ensuite il y a un travail de concertation à mener. Il faut aussi emmener les pêcheurs voir les champs d’éoliens en mer dans d’autres pays, et qu’ils discutent avec les pêcheurs concernés là-bas. Par ailleurs, il faut assurer leurs risques, c’est la moindre des choses. »
-Célia Quilleret : « Beaucoup de concertations ont été menées jusqu’ici. A Saint Brieuc le parc éolien qui est en train de construit a été élaboré en concertation avec les pêcheurs, au point qu’ils pourront pêcher au milieu des 60 éoliennes : il y a suffisamment de distance entre chaque éolienne pour qu’ils puissent passer avec leurs bateaux. De même, les 90 km de câbles vont être enterrés sous les fonds marins pour que les chalutiers ne touchent pas les câbles. Tout a été conçu pour permettre la pêche. »
-Arnaud Gossement : « Quand on dit « il n’y a pas de concertations », c’est faux : il y a eu des débats publics organisés par la Commission nationale de débats publics depuis 2011. Il y a eu des débats avec toutes les collectivités : communes, départements, régions. Il y a eu plusieurs lois au Parlement. On ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu de démocratie et de débat. Ne disons pas qu’on n’a rien fait ». Par ailleurs « une partie des taxes vont être perçues directement par les comités locaux des pêcheurs ». Enfin, « il y a eu un nombre incalculable de recours, soumis aux juges ; et effectivement ces recours ont tous été rejetés. A un moment donné, que peut-on faire de plus ? ».
D’autres point de vue, plus critiques, pourraient certainement être apportés à ces avis (plusieurs opposants à des projets éoliens pointent par exemple un manque d’écoute et de prise en compte de leurs arguments). Le sujet est complexe et ce numéro ne prétend pas le couvrir en entier. Le mot de la fin sera donc celui-ci :

La remarque vaut pour les défenseurs acharnés du nucléaire comme des renouvelables.
De là l’importance de débattre et d’agir sur nos choix de consommation d’énergie (comment tendre vers plus de sobriété), et pas seulement sur nos choix de production…
Ainsi s’achève le 38e numéro de Nourritures terrestres, la newsletter sur les enjeux de la transition écologique (lire numéros précédents ici). Merci beaucoup à celles et ceux qui soutiennent ce travail sur ma page Tipeee ! Et à bientôt pour le numéro suivant.
Bonjour, je découvre votre site et vos articles avec intérêt.
Cela fait un bien fou de lire des propos nuancés..
Merci pour vos arguments sur ce sempiternel débat.
Pour apporter ma pierre à l'édifice, P.Bihouix a dit (je n'ai pas remonté la source plus loin, je lui fais confiance) qu'il était peut être peu pertinent de comparer la qt d'oiseaux tués entre chats et éoliennes mais plutôt la qualité.
Les chats tueraient à priori des espèces moins rares que les éoliennes.
Pensez à un chat qui s'en prendrait à un faucon royal :D.
Pour résumer, encore et toujours, la meilleure énergie est celle que nous ne consommons pas...
Bonjour Clément, merci pour cet article. Je ne sais pas si il faut prendre des décisions avant 2022 sur le développement du nouveau nucléaire. On ne parle pas d'un petit enjeu, les questions sont profondes et analysées en détail aujourd'hui par RTE dans le bilan prévisionnel https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-06/BP50_Bilan%20de%20la%20consultation%20publique.pdf. Quand je vois l'opposition aux renouvelables qui existe aujourd'hui, je me dis que tous ces gens sont donc pour un N3++ (nom du scénario de RTE) avec mise en service de 2 EPR par an à partir de 2035. Cela me semble irresponsable, pour deux raisons : (1) renoncer aux EnR à l'horizon 2035, c'est renoncer à pas mal de choses sur l'électrification du transport et du chauffage avant 2035 même si la sobriété va aider en partie. (2) Militer pour un N3++ c'est ne pas tenir compte du fiasco de FLA3 et des limitations en termes de compétences aujourd'hui, nous ne sommes plus en 1975 après 30 années de développement actif et croissant sur le sujet ... Personnellement je milite pour la relance du nucléaire avec le scénario N1, j'en parle ici https://www.energy-alternatives.eu/2021/04/10/france-allemagne.html#le-nucl%C3%A9aire-une-histoire-dh%C3%A9ritage voyons déjà ce que l'on arrive à faire avec cette vitesse de déploiement avant de se lancer dans un truc infaisable. Si on va plus vite on ajustera. Bref la relance du nucléaire me semble utile, mais il faut de la pédagogie et l'étude de RTE pour que l'on puisse prendre la bonne décisions entre N3 et N1 qui sont deux scénarios nucléaires, mais qui sont très très très différents. Prendre une décision aujourd'hui ce serait prendre une demi-décision, et nous n'avons même pas assez de main d'oeuvre pour le carénage (dixit le patron de l'ASN, voir mon post). Il faut une relance de fond avec les formations et le plan de RH qui va avec, et une assurance d'un certain rythme de développement pas une mesurette prise en catimini avant la fin d'un mandat, le nucléaire ne peut pas se faire sans ça (FLA3 en est la preuve).