Vendredi, TotalEnergies s’est retrouvée une nouvelle fois sous le feu des critiques concernant sa stratégie climatique - et donc sa stratégie d’entreprise tout court - à l’occasion de son assemblée générale (AG) annuelle.
Une première chose mérite d’être soulignée pour commencer.
Ces dernières années, la dénonciation de la stratégie de TotalEnergies venait principalement d’activistes. Médiatiquement le public assistait donc à une opposition entre TotalEnergies d’une part et les ONG et militants du climat d’autre part. Pour un regard extérieur, il était facile de se dire que la situation était logique, sans surprise, avec des ONG et militants dans leur rôle – pointer du doigt, dénoncer, mettre la pression, selon la façon dont chacun perçoit ce rôle. Facile aussi de se dire qu’il en serait de même les années suivantes, à chaque nouvelle AG, peut-être juste avec plus d’intensité encore à mesure que le climat s’aggrave et que l’urgence se renforce.
Sauf que…ce n’est pas ce qui s’est passé cette année. Ce n’est pas seulement un changement d’intensité dans l’opposition qui s’est produit. C’est l’origine de l’opposition elle-même qui a changé. Le profil de ceux qui la soutienne. Et c’est ce qui change la donne. Pour s’en convaincre, il est utile de retracer la succession des grandes prises de position sur le sujet au cours des quatre derniers mois.
1/ Le 6 février : dans une tribune au Monde, cinq lauréates du prix Goldman pour l’environnement (parfois qualifié de prix Nobel de l'environnement) appellent les institutions financières à ne plus soutenir la stratégie d’expansion pétrolière et gazière de TotalEnergies. Ici cette position est encore le fait d’activistes. Mais celle-ci, associée à d’autres, a probablement aidé à ouvrir la voie de ce qui a suivi.
2/ Le 8 février : dans une tribune sur le site de FranceInfo, onze scientifiques, coauteurs du Giec, dont Valérie Masson-Delmotte, dénoncent l'instrumentalisation de leurs travaux par TotalEnergies, ainsi que la stratégie du groupe. L’élément déclencheur de ce texte : le fait que TotalEnergies ait fait publiquement référence aux rapports du Giec pour justifier ses investissements fossiles, en réponse à une enquête de Cash Investigation.
Ce n'est pas la première fois, écrivent-ils, que les acteurs des fossiles font œuvre de désinformation climatique. Chose que les scientifiques n’entendent visiblement désormais plus laisser passer.
3/ Le 7 mai : 188 scientifiques et experts appellent les actionnaires de TotalEnergies à voter contre la stratégie climat du groupe lors de son AG du 26 mai. Ils dénoncent notamment le fait que TotalEnergies est « la firme pétrolière internationale qui a approuvé le plus de nouveaux projets pétroliers et gaziers en 2022 ».
Ici il faut bien mesurer le caractère majeur et inédit de ce texte : celui-ci est signé par la crème de nos scientifiques sur l’environnement. Les signataires incluent 48 chercheurs du CNRS et de multiples sommités dans leur domaine (entre autres, le géographe et écologue Wolfgang Cramer, qui contribue au Giec depuis 1992 ; l’océanographe Jean-Baptiste Sallée, lui aussi coauteur de l’organisme ; l’hydrologue Florence Habets ; le chercheur Aurélien Bigo sur la décarbonation des transports ; …).
Surtout, ce sont les figures majeures et pour certaines historiques du climat qui portent le texte : Jean Jouzel ; Christophe Cassou ; Céline Guivarch ; Magali Reghezza ; et encore une fois « la » chercheuse emblématique en France sur les questions climatiques, Valérie Masson-Delmotte, dont la légitimité et le sérieux sont unanimement reconnus dans la communauté scientifique.
Ici il n’est plus possible de décréter, comme on l’entend parfois, que 188 scientifiques seraient sortis de leur rôle en devenant tous soudainement « militants ». Cette tribune est un tournant. Elle pose un jalon majeur. Désormais aller contre cet avis, c’est aller contre l’avis des scientifiques, et non plus simplement s’opposer à l’avis d’ONG dont il est toujours possible de critiquer la partialité. L’opposition a changé de nature.
4/ Le 12 mai : l’ADEME, c’est-à-dire l’agence publique chargée de la transition écologique en France, publie son analyse de la stratégie climatique de TotalEnergies dans la perspective du vote des actionnaires à son AG. Le bilan est sévère : score de 7/20 en termes d’alignement de la stratégie et note de D sur E en analyse de la cohérence d’ensemble (voir justification page 5 de ce pdf).
Sans surprise, l’ADEME sanctionne notamment le fait que TotalEnergies « continue à investir dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers contrairement à ce qui est préconisé par le scénario Net Zero de l'Agence Internationale de l’Energie ».
5/ Le 23 mai : l’économiste Yamina Saheb, autrice principale du 3e volet du dernier rapport du Giec, intervient dans une table ronde à HEC, face à Carole Le Gall, vice-présidente de TotalEnergies chargée de soutenabilité et de climat.
Son propos très « cash » a laissé bon nombre d’observateurs bouche bée. En voici une vidéo (propos en anglais) et ci-dessous les principaux extraits retranscrits et traduits :
« L’usage abusif de la science par les entreprises des énergies fossiles n'est pas nouvelle, mais l'utiliser de cette manière est assez choquante pour nous [scientifiques].
Avant de parler de vos chiffres, Carole, nous avons regardé avec mes collègues avant de rédiger notre tribune ce qui se trouve dans le rapport Total de 2022. Total prévoit d'investir 16 milliards par an entre 2022 et 2025 dans le secteur de l'énergie, dont 70 % sont des investissements dans les énergies fossiles. Investir dans les fossiles signifie investir dans le changement climatique.
Donc, d'un côté, on a la science qui nous dit qu’on doit réduire les émissions de près de 50% par rapport à aujourd’hui et que c'est la seule façon de garder la planète vivable, de l'autre, on a l'une des principales entreprises d’énergies fossiles au monde qui dit qu’elle va continuer à développer les fossiles. C'est une contradiction majeure et cela ne devrait pas se produire du tout.
En réalité, je me suis demandé si c'était une bonne chose de venir ici, mais je suis venue parce que nous devons arrêter de nous mentir. Le titre de cette table ronde porte sur la transition et la transformation, mais il ne devrait pas s'agir de transition et de transformation, il devrait s'agir de mettre fin à l'ère des fossiles dès maintenant. Nous pouvons le faire parce que nous devons le faire. C'est ce que vous devez faire. Or ce n'est pas ce que fait l'industrie des énergies fossiles.
Aujourd'hui, nous devrions arrêter de parler de changement climatique, nous devrions commencer à parler de crime climatique et ceci est la continuation du crime climatique.
Nous devons mettre fin à l'ère des fossiles, sinon il n'y aura plus de vie sur cette planète. Pouvez-vous juste reconnaître que vous contribuez à mettre fin à la vie sur cette planète ? C'est ce que vous faites. (…) Ce n'est tout simplement plus possible. Ce n'est plus possible. »
6/ Le 26 mai, jour de l’AG de TotalEnergies : la résolution portée par l’ONG Follow This avec une coalition de 17 investisseurs (dont des noms comme Edmond de Rothschild AM, pas franchement réputés pour leur tradition activiste) est validée par 30% des actionnaires. Cette résolution, à laquelle le groupe s’opposait, demandait à TotalEnergies d’aligner ces émissions dites de scope 3 (liées à l’usage de ses produits) sur l’Accord de Paris d’ici 2030.
Ce score, très important bien qu’encore minoritaire, n’est pas loin de doubler celui de 2020 (17%). C’est un signal fort. Il surprend les observateurs.
7/ Le matin même : la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, interrogée sur France Info, dit distinguer « la forme et le fond » de l’action des militants présents devant l’AG, et fait comprendre qu’elle est alignée sur le fond. Ces actions posent « une très bonne question » dit-elle, ajoutant que TotalEnergies et les autres pétroliers doivent se transformer et sortir des fossiles ; à défaut elles n’auront, dit-elle, « aucun avenir ».
Les journalistes en face, focalisés sur le sujet de la dénonciation de la méthode des activistes lors de l’AG, ne prennent alors pas la mesure du propos. Il y aurait certes beaucoup à dire sur cette déclaration et sur sa cohérence avec d’autres actions du gouvernement (…voir partie « bonus » en fin d’article). Mais elle n’a cependant rien d’anecdotique : manifestement, il ne semble plus envisageable par la ministre de défendre une autre position. Cela ne passe plus. La fenêtre de l’acceptable a bougé. Du reste, un peu plus tard le même jour, Élisabeth Borne, interrogée sur le sujet, appuie le propos de sa ministre en affirmant que les militants « sont dans leur rôle d'alerter ».
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On pourrait prolonger la liste (par exemple le magazine Challenges, plutôt libéral, épingle lui aussi la politique climatique du groupe dans son dernier numéro), mais arrêtons-nous là. Mises bout à bout, ces prises de position forment un ensemble inédit qui montrent que 2023 est l'année d'un basculement. L’opposition apportée à la stratégie de TotalEnergies a changé de dimension.
Ce basculement peut sembler très inabouti, puisqu’en dépit de ces oppositions, TotalEnergies a encore obtenu un vote très majoritairement favorable de la part de ses actionnaires sur sa politique climatique. A première vue, c’est encore un (large) échec.
Mais ce serait ne pas voir ce qui s’est joué cette semaine et précédemment (qui s’appuie, au-delà, sur tout ce qui a été entrepris bien avant 2023).
1/ D’abord, les 30% obtenus par le travail de Follow This permettent de cranter et de viser le jalon supérieur, puisque la pression ni ne reculera ni ne stagnera : elle continuera de grandir pour viser l’arrêt de l’expansion des fossiles. Follow This (qu’on peut soutenir financièrement sur ce lien) travaille d’ailleurs aussi pour influencer les AG des autres grands majors pétroliers (Shell, BP, Chevron, Exxon), ce qui est une immense partie du défi.
Rappelons que l’enjeu n’est pas en soi TotalEnergies (5e major derrière les 4 noms cités) mais bien tout le secteur, qui ne va clairement pas le bon sens : BP a annoncé en février qu'il renonçait à sa promesse de réduire ses émissions de 35 à 40 % d'ici 2030, en la ramenant à 20 à 30 % ; Shell a déclaré qu'il n'augmenterait pas ses dépenses en énergies renouvelables cette année ; Exxon, qui assume vouloir rester entièrement sur une activité d’exploitation des énergies fossiles y compris à terme (cf la conclusion de mon numéro passé sur la capture du carbone), a réalisé un dernier trimestre record en profits grâce au démarrage de nouveaux projets pétroliers, et vient de déclarer que le scénario Net Zero de l’Agence Internationale de l’Energie n’était pas assez probable pour que l’entreprise le « prenne en compte » dans ses prévisions financières ! ; etc.
2/ Ensuite et surtout, la prise de position collective des 188 scientifiques et le réquisitoire sévère de Yamina Saheb les yeux dans les yeux face à TotalEnergies créent un précédent : désormais les entreprises climaticides encourent le risque de voir les scientifiques prendre massivement et/ou fermement position contre elles. Ils ne feront pas systématiquement, mais la menace sera là. En couplant ce risque au fait que des institutions officielles ou reconnues risquent de noter sévèrement leur stratégie climatique, il sera, pour ces entreprises, bien plus risqué de prendre la parole pour défendre ce qui apparaîtra comme indéfendable.
Il en va de même pour les entreprises qui les soutiennent, que ce soit en tant que banques, assureurs ou actionnaires (voir les principaux ici), ou bien en tant que partenaires sur leurs projets. En particulier, tout ce contexte rend le vote « pour » la stratégie climatique de TotalEnergies lors de l’AG encore plus compliqué à défendre de la part des actionnaires qui ont fait ce choix. Leurs noms ne seront connus que d’ici quelques semaines, même si on sait déjà que le premier actionnaire français de TotalEnergies, le gestionnaire d’actifs du Crédit Agricole (Amundi), a voté « pour ».
On peut notamment se demander comment les entreprises concernées parviendront à justifier une position qui va à l’encontre des préconisations explicites des scientifiques. Que le business-as-usual prime chez une partie des acteurs financiers n’est pas surprenant ; mais le changement de dimension mentionnée ci-dessus change donc la donne.
Si certains en doutaient encore, cet épisode du vote des actionnaires, comme tant d’autres avant lui, montre que rien n’avancera à temps sans contrainte. C’est justement ce que réclament depuis longtemps les militants du climat. On peut, comme certains, s’emparer de telle image ou telle déclaration maladroite ou simpliste pour s’en moquer, goguenard ou condescendant derrière son clavier ou sur les plateaux télé. On peut aussi critiquer certaines prises de position, qui peuvent manquer de nuance (cf partie “bonus” de cet article), ou certains actes, dont on peut ne pas comprendre l’intérêt.
Mais d’une façon générale, ces activistes ont ouvert la voie et continuent de mettre une pression nécessaire ; et pour cela, ils méritent d’être soutenus.
Ils jouent leur rôle, aux côtés d’autres, dans les avancées telles que le basculement évoqué plus haut. A première vue ce basculement peut sembler logique, s’inscrire dans l’ordre naturel des choses, deux ans après l’annonce choc de l’Agence Internationale de l’Energie qui appelait à renoncer immédiatement à tout nouveau projet pétrolier ou gazier pour espérer rester sous les +1.5°. Mais il ne s’est pas produit « naturellement », par simple constat logique de la gravité de la situation climatique. Il a été rendu possible, provoqué, accéléré, par différentes actions qui se sont appuyées les unes sur les autres. Dont celles des ONG et des militants.
Ainsi, entre autres exemples, quand l’ONG Bloom publie un décryptage de la politique climatique de TotalEnergies, ce travail sert ensuite à d’autres types d’acteurs qui peuvent s’y appuyer. De même quand, début 2020, 1000 scientifiques appellent les citoyens à la désobéissance civile face à la crise écologique, dans une tribune retentissante dans Le Monde, le message vient infuser, se diffuser, s’ajouter à d’autres, et peut-être, dans certains cas, faire basculer certains ; d’ailleurs, qui sait s’il n’a pas préparé le terrain, même inconsciemment dans les esprits, pour la tribune des 188 scientifiques du 7 mai citée plus haut ? A minima on peut voir un lien entre ce premier appel et, trois ans plus tard, l’action ayant réuni le 12 mai dernier plusieurs dizaines de scientifiques (mathématiciens, biologistes, astrophysicien…) autour de la raffinerie Total de Normandie – sans doute la plus importante action climatique de désobéissance civile de scientifiques en France à ce jour.
L’autre leçon ici est que la diversité des modes opératoires, des façons de convaincre, de leviers à actionner, est capitale justement pour tordre le bras à celui-ci quand il ne se dirige pas de lui-même dans la bonne direction – en l’occurrence ici celle indiquée par les scientifiques.
A cet égard l’exemple de Shell est instructif. Shell était accusé par un collectif d'ONG de ne pas faire assez pour s'aligner sur l'accord de Paris. Suite à cela, le groupe a été jugé puis condamné en mai 2021 par la justice néerlandaise à réduire ses émissions de CO2 de 45 % d'ici 2030. Cette affaire inédite pourrait désormais s’étendre à d’autres entreprises. Selon l’avocat en droit de l’environnement Arnaud Gossement, « les contentieux contre les entreprises sont encore plus puissants que ceux visant les États. Pour elles, la réaction est immédiate : [risque de] baisse des cours en Bourse, méfiance des investisseurs, risque juridique… ». Ce type d’actions pend donc au nez des entreprises climaticides, et la multiplication des prises de position comme celles listées plus haut fournit des arguments supplémentaires pour des condamnations juridiques.
Alors oui…certaines actions militantes ont certainement bien plus ou bien moins d’effet que d’autres ; et certaines sont peut-être inefficaces voire contre-productives. L’action des militants devant l’AG de TotalEnergies ce vendredi, qui a suscité des réactions diverses comme bien souvent avec les actions militantes, était-elle « efficace » ? Qui peut vraiment statuer sur cette question ? Et celle-ci compte-t-elle tant que ça ? Ce qu’on peut constater, c’est qu’elle a fait (un peu) parler, ce qui a permis de faire parler de TotalEnergies, de sa stratégie climatique et des énergies fossiles. Ce n’est pas cela qui changera la donne (personne ne le prétend d’ailleurs) mais c’est une pression de plus, une pièce du puzzle, qui compte. C’est d’ailleurs pour cela qu’y participaient notamment les scientifiques François Gemenne et Xavier Capet (qui m’avait effectivement parlé de son “engagement beaucoup plus marqué dans les échanges avec les collectifs militants”, dans le numéro sur les émotions des climatologues).
Le témoignage de l’une des militants présents sur place, Lou Welgryn, dit d’ailleurs bien les choses : « Je ne prétends pas que ce type d’action soit la meilleure solution, mais qu’elle a le mérite d’en être une, de solution, pour faire émerger ces [faits] dans le débat public, et essayer d’infléchir cette courbe du business as usual qui nous emmène dans le mur ».
En réalité, il faut être honnête : les jugements qui se veulent rationnels sur les modes d’action sont souvent très subjectifs, inséparables de nos croyances et valeurs personnelles…et de nos goûts ! Pensons à cette action chantante et dansante lors de la l’AG de Shell la semaine dernière, sous l’air de ‘Go to Hell, Shell’, qu’a applaudi le climatologue Christophe Cassou (“Rivalité d’originalité dans les modalités de dénonciation non-violentes. Bravo car ces perturbations sont d'une forte symbolique & puissance”) :
Qui plus est, ces jugements personnels sont souvent aussi décorrélés des résultats des travaux de recherche qui peuvent exister sur ces sujets. Dans le contexte qui nous intéresse, je n’ai pas connaissance de travaux distinguant l’efficacité de tel ou tel mode d’action. En revanche le dernier rapport du GIEC souligne explicitement l’utilité de façon générale des actions citoyennes et militantes :
“Social mobilisation, protest and dissident can be critical catalysts for transformative change. (…) Social movements have been successful at countering fossil fuel extraction. They open up political opportunities in the face of increasing efforts to capture natural resources and are bolstered by resistance from within some corporations and/or their shareholders.” (chapitre 18 du WG2, p. 2712 de ce pdf)
A la même page, le Giec pointe d’ailleurs « les efforts des acteurs en position de pouvoir pour maintenir le status quo ».
Dès lors, à défaut de savoir précisément ce qui est efficace ou non, à quel degré et selon quelles conditions, il semble assez logique de soutenir celles et ceux qui tentent de faire avancer les choses pour en finir avec l’expansion des énergies fossiles, chacun à leur manière, côté offre comme côté demande (car il faut bien agir sur les deux).
Enfin, quel(s) que soi(en)t le(s) mode(s) d’actions que l’on soutient, on ne peut tolérer que celles et ceux qui s’engagent subissent des violences, comme cela a encore été le cas ce vendredi (extrait du témoignage de Lou Welgryn : « Hier, j’ai passé plus d’une heure sous les gaz lacrymogènes, la gorge en feu et le visage brûlant. J’ai vu des activistes se faire matraquer alors qu’ils levaient les mains en l’air en signe de non-violence. J’ai vu un actionnaire frapper une activiste. Une journaliste se faire jeter à terre par des policiers »).
Finalement, comme l’écrit Anne-Catherine Husson-Traore (dirigeante du média Novethic), cette semaine « Patrick Pouyanné n'a probablement pas perdu que la bataille de communication comme il le reconnait dans Challenges. L'AG de TotalEnergies et tout ce qui l'a entourée devrait rester comme le symbole d'un monde acculé à défendre son modèle par la force, tant la légitimité scientifique et économique du développement de nouveaux gisements est remise en cause ».
Bonus : Remarques sur la stratégie de TotalEnergies et notre dépendance aux fossiles : à la recherche d’une position nuancée…
Pourquoi ces sujets sont plus compliqués que les slogans simplistes. Pourquoi nous avons encore besoin de pétrole. Pourquoi la stratégie de TotalEnergies est bel et bien très critiquable malgré tout. Pourquoi la question de la nationalisation mérite d’être discutée. Pourquoi il faut distinguer ressources fossiles et énergies fossiles. Pourquoi nous pourrions avoir besoin d’une économie de guerre climatique, et que disent les derniers travaux de recherche sur ce sujet.
-> Pour ne pas rallonger cet article déjà long, j’aborde toutes ces questions dans cette partie bonus, sur ce lien.
C’était le 58e numéro de Nourritures terrestres. Tous les numéros sont consultables ici. Ces derniers mois ont été plus silencieux mais je prépare pour cet été une série spéciale d’articles sur un thème en particulier…A très vite ! Clément
Merci pour cet éclairage très complet. Belle journée