#64 : Quelle biodiversité protéger ? Le cas des chats
Entre protéger les chats et protéger la biodiversité…faut-il choisir ? Et s’il le fallait dans certains cas, pourquoi, et de quelle(s) façon(s) ? C’est tout le sujet de ce numéro.
Il arrive que protection de la biodiversité et défense du bien-être animal s’opposent. Le cas du chat Felis catus est emblématique : il « jouit du statut et de la protection d’un animal domestique, mais c’est aussi un redoutable prédateur, qui s’attaque aux oiseaux, petits mammifères et batraciens », explique la chercheuse Anne Atlan dans un cours donné en mars au Collège de France au sein de la Chaire annuelle Biodiversité et écosystèmes.
A première vue, ce sujet, qui suscite souvent des réactions épidermiques sur les réseaux sociaux dès qu’il est évoqué, ne vous intéressera pas tous…et pourtant ! Le conflit chats vs biodiversité n’est pas seulement intéressant en tant que tel, mais aussi parce qu’il va nous servir ici de cas d’étude pour nous pencher sur un sujet de controverse écologique, abordé à travers différentes lunettes - sociologique, géographique, juridique, culturelle, éthique - et, plus encore, en croisant les angles.
Cette approche pluridisciplinaire fait l’intérêt et l’originalité des travaux d’Anne Atlan (directrice de recherche CNRS à l’université de Rennes, spécialisée en socio-écologie - c’est-à-dire l’interface entre l’écologie et la sociologie), à l’heure où, explique-t-elle en conclusion, « les éthiques environnementales et les éthiques animales sont [encore] deux champs séparés ».
L’autre intérêt de ce cours est d’aborder de façon vulgarisée les éthiques environnementales, branche de la philosophie de l'environnement qui peut sembler aride ; grâce à Anne Atlan, on comprend de façon très concrète de quoi il s’agit, et en quoi ce prisme peut être clef pour dénouer des questions complexes (cf la partie « Les éthiques environnementales aident à comprendre les contradictions dans la gestion du chat »).
Cette grille de lecture permettra de comprendre pourquoi scientifiques et populations peuvent être désalignés sur certaines actions à mettre en place, et de constater que des associations de bien-être animal elles-mêmes peuvent être divisées (y compris en interne) sur les réponses à apporter à un même problème.
Ce cours est donc aussi une invitation à penser différemment les relations entre sciences et société.
Enfin, les amoureux du superbe parc national de Port-Cros découvriront ici les îles du parc (en particulier celles de Port-Cros et du Levant) sous un autre jour – mais je ne vous en dis pas plus à ce stade…
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Dans ce numéro, je vous propose de découvrir le cours d’Anne Atlan de façon retranscrite et raccourcie. Les citations sont issues de son cours et les illustrations de sa présentation. Mais vous pouvez aussi, à la place, regarder le cours en entier en vidéo sur ce lien (55mn).
—> Accéder à l’article sur ce lien
Ce numéro est le 64e de Nourritures terrestres. Les précédents sont tous accessibles sur ce lien. Vous pouvez soutenir mon travail sur ma page Tipeee ici (merci !). A bientôt ! Clément